Décryptage. Trouver un emploi, une question de chance ?
Mise en ligne le mardi 27, mai 2025
Mise à jour le mercredi 28 mai 2025
Près de 6 actifs sur 10 pensent que trouver un emploi est aujourd’hui “une affaire de hasard et de chance”, selon une étude Actual group en partenariat avec l’EM Normandie. Et les autres, ceux qui “estiment que la chance n’a rien à voir avec le hasard”, que font-ils pour accéder à un emploi ? Jean Pralong, enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines, et directeur de l’étude, revient sur les trois attitudes permettant de trouver rapidement un emploi satisfaisant. Ou comment la chance devient une compétence… Interview.
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Comment expliquez-vous que de nombreux candidats estiment qu’il faut avoir de la chance pour trouver un emploi ?
Il y a deux raisons à cela. D’une part, on leur rabâche depuis des années que le marché du travail est compliqué et que dans un futur proche, l’emploi va disparaître en raison de l’automatisation.
D’autre part, il y a aussi cette injonction à trouver et faire de sa vocation un projet professionnel. Paradoxalement, cela pousse à l’inaction : on attend de pouvoir postuler à une offre d’emploi correspondant exactement à l’intitulé de poste plutôt que de candidater à une plus grande variété de postes.
D’ailleurs, vous écrivez que ceux qui retrouvent vite un emploi sont davantage ouverts aux opportunités professionnelles.
Oui, nous avons mis en avant trois attitudes qui permettent d’accéder rapidement à un emploi.
La première, donc, c’est de ne pas être attaché à un projet professionnel trop précis pour se laisser des opportunités. Si je cherche des emplois mobilisant des activités qui me plaisent plutôt qu’un intitulé de poste exact, le choix des possibles est plus large. Je postule à plus d’offres, les opportunités de trouver un emploi sont donc plus importantes.
La deuxième attitude est de se représenter un marché du travail rationnel, avec des codes et des règles à suivre et assimiler. Les candidats qui ont cette attitude voient la recherche d’emploi comme un processus d’apprentissage, fait d’essais et d’erreurs provisoires. Progressivement, les candidats assimilent les pratiques à mobiliser pour réussir. Cette attitude n’est pas un frein à l’action, bien au contraire. Les candidats postulent malgré les refus.
La troisième attitude c’est l’agentivité, ou la capacité de se sentir acteur de son propre parcours. Si je pense que mes actions ont un impact sur les choses, je me mets plus facilement en mouvement, je m’implique dans ma trajectoire professionnelle.
Trouver un emploi c’est donc tout l’inverse de la chance mais plutôt un état d’esprit voire un softskill ?
Tout à fait. Et c’est vrai dans de nombreux autres domaines. Un commercial dont on dit qu’il a de la chance parce qu’il tombe toujours sur les bons clients, c’est en fait parce qu’il a mis en place des stratégies lui permettant de développer un portefeuille intéressant.
Notre étude vise à montrer aux actifs qu’il est important d’être dans l’action même si le marché du travail est compliqué. Dit autrement, la chance au travail peut devenir une compétence.
Les recruteurs ont tout de même des attentes très précises sur les profils de candidats à recruter.
Évidemment il y a toujours des RH qui se plaignent de ne pas recevoir les bonnes candidatures. Mais globalement, ils savent valoriser les profils dans leur singularité. Ils sont aussi plus ouverts à la diversité et aux profils atypiques.
Que l’on soit jeune ou senior n’est donc plus un problème sur le marché de l’emploi ?
Disons que les variables de genre, d’âge ou de qualification sont moins importantes aujourd’hui sur le marché du travail que la capacité des candidats à convaincre d’être embauché.
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Même sur un marché du travail qui montre des signes d’essoufflement ?
Après des phases de contraction et d’embellie sur le marché du travail, il n’y pas vraiment de retour en arrière. Par exemple, depuis la fin de la crise du Covid, le diplôme est de moins en moins important sur le marché du travail. Et puis on s’aperçoit aussi que les discours sur les discriminations commencent à porter leurs fruits.
👉 Télécharger l’intégralité de l’étude sur le site de l’EM Normandie.