Emploi : “L’intelligence émotionnelle est notre meilleur rempart contre l’IA”
Mise en ligne le mercredi 15, octobre 2025
Mise à jour le mercredi 15 octobre 2025
C’est une technologie typiquement humaine, de plus en plus recherchée en entreprise. L’intelligence émotionnelle améliore notre leadership, notre sens critique et notre créativité. Elle reflète notre adaptabilité, notre capacité à gérer le stress et notre rapport aux autres.
Cette compétence se mesure via des tests de QE (Quotient Emotionnel) et bonne nouvelle, contrairement au QI (Quotient Intellectuel), il est possible de la développer à n’importe quel âge de la vie, explique Christophe Haag, enseignant-chercheur à emlyon business school et auteur du Petit Guide illustré de l’intelligence émotionnelle.

Photo Morgan Taltavull
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Comment définir l’intelligence émotionnelle ?
Cette forme d’intelligence a été conceptualisée à la fin des années 1980 par les psychologues américains Peter Salovey et John Mayer. Ils l’ont définie comme “une aptitude dont la fonction est de gérer ses sensations et ses émotions, ainsi que celles d’autrui, de les différencier les unes des autres et d’utiliser cette information pour guider ses pensées et ses actions”.
Les personnes à l’intelligence émotionnelle développée s’adaptent plus facilement à leur environnement, elles osent prendre des décisions dans des situations complexes et elles se révèlent plus résilientes. On constate aussi qu’elles sont moins sujettes au stress, au burnout ou au boreout. L’IE est donc bénéfique tant sur le plan professionnel que personnel.
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En quoi est-ce un atout face à l’IA ?
L’IE est notre meilleur rempart contre l’IA. Elle permet de trier et hiérarchiser le flux d’informations émotionnelles que l’on reçoit constamment. Vous prenez du recul et vous remettez les outils à leur juste place. Vous n’êtes pas un simple producteur de prompts. D’ailleurs l’IE invite à la déconnexion, offrant des moments de respiration nécessaires à notre cerveau.
Peut-on devenir plus émotionnellement intelligent ?
Oui, contrairement aux traits de personnalité ou au QI, figés à l’âge adulte, l’IE évolue avec le temps et il est toujours possible de la développer.
Pour cela, il faut multiplier les expériences, rester ouvert au monde et aux autres. Lire, se rendre à des expositions, pratiquer un sport, se cultiver… Tout cela stimule notre intelligence émotionnelle.
L’hygiène alimentaire est également importante. Par exemple, on sait qu’un excès d’alcool et/ou de caféine empêche d’avoir une bonne compréhension de la situation sociale dans laquelle on se trouve.
En résumé, l’IE c’est un esprit sain dans un corps sain… ?
Disons que cela facilite un travail réflexif sur soi. Le matin vous ne trouvez pas de places de stationnement et vous commencez à vous énerver. Si vous laissez monter cette émotion, elle risque d’influer sur votre humeur de la journée.
L’IE permet précisément de comprendre ce qui se joue en nous et, dans cette situation, de retrouver une attitude plus positive. Avec l’IE, on utilise ses émotions pour se motiver et se stimuler intellectuellement.
Comment se mesure l’IE ?
Avec Lisa Bellinghausen, docteure en psychologie, nous avons développé Génération QE, proposant deux tests de quotient émotionnel, dont un dédié aux managers, évaluant leur sens du relationnel, leur gestion du stress, leur manière de prendre des décisions.
Ce test de QE mesurent les 3 compétences de l’intelligence émotionnelle (elles mêmes divisées en 7 sous-dimensions) :
- Identifier les émotions.
- Comprendre les émotions.
- Réguler les émotions.
Les résultats incluent des clés d’interprétation et surtout d’amélioration.
Les entreprises ont-elles compris l’intérêt de l’IE ?
Oui, la preuve : elles sont de plus en plus nombreuses à former leurs salariés pour qu’ils acquièrent des soft skills. Clairement, aujourd’hui, les employés n’ont pas besoin d’apprendre de nouvelles compétences techniques, qui seront de toute façon bientôt obsolètes, mais de mieux comprendre et décrypter l’humain.
C’est donc un plus sur son CV ?
Indiquer son résultat de QE montre en tout cas que vous vous intéressez à ce sujet et que vous souhaitez améliorer votre intelligence émotionnelle. Cela conduira a minima à une discussion intéressante avec le recruteur.