Carrière : 13 chiffres pour comprendre la “prime à la beauté”
Mise en ligne le mercredi 16, avril 2025
Mise à jour le jeudi 17 avril 2025
C’est une injustice bien connue. Être beau facilite l’accès à l’emploi, permet d’accéder à des postes plus prestigieux et donc d’obtenir un meilleur salaire. Mais saviez-vous qu’il existe aussi une prime à la laideur ?

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Quand la beauté permet de trouver plus facilement un emploi
Dans l’ouvrage collectif « Psychologie des beaux et des moches » (Éditions Sciences Humaines, 2020, les auteurs expliquent qu’il est important que le candidat plaise aux recruteurs (75%) et dans une moindre mesure aux recruteuses (48%). Un écart de 30 points entre les deux sexes qui en dit long.
En 2011, une enquête du magazine américain Newsweek aboutissait à la même conclusion : pour 57% des DRH, “une personne qualifiée mais quelconque physiquement avait plus de mal à se faire embaucher, et à être ensuite bien notée, qu’une autre mieux lotie par la nature”, rapporte un article du Monde.
Dans la même veine, une étude publiée dans la revue INFORMS journal Information Systems Research montre que les diplômés d’un MBA les plus attirants ont 52,4% de chances en plus d’occuper un poste prestigieux après l’obtention de leur diplôme.
Le chiffre qui fait mal :74% des cadres ont intégré que l’apparence physique est un critère essentiel d’embauche, selon une étude de l’Apec. S’ils disent vouloir être jugés sur leurs seules compétences, 80% d’entre eux ajoutent une photo les valorisant sur leur CV.
Salaire : combien les gens beaux gagnent-ils en plus ?
Il n’existe pas de chiffres en France, mais une pléthore d’études étrangères permettent de se faire une idée du phénomène. Dans l’ouvrage Beauty Pays, Daniel S. Hamermesh explique que les 15% de femmes les moins bien loties en “termes d’apparence”reçoivent un salaire 4% inférieur aux femmes “d’apparence moyenne”. Pour les hommes, cet écart est de 13%. Toujours selon l’auteur, au cours d’une vie, les personnes séduisantes vont gagner 237 000 dollars de plus qu’une personne toute aussi qualifiée mais moins séduisante.
De l’importance de croire en soi : Aux États-Unis, les personnes se considérant comme très attirantes gagnent en moyenne près de 20 000 $ de plus par an que celles se jugeant peu attirantes, selon une étude de Standout-CV dévoilée par le New York Post. De là à dire que tout se joue dans la tête…
Être grand, ça paie !
Une étude menée sur 3 500 chinois a démontré qu’un centimètre supplémentaire se traduit par un revenu supérieur de 1,3%. Selon une autre étude de l’American Psychological Association, un pouce supplémentaire (2,5cm) permet de gagner 789 dollars de plus par an. Selon cette même étude, une personne mesurant 6 pieds (1,83m), gagne en moyenne 166 000 dollars de plus sur 30 ans qu’une personne mesurant 5,5 pieds (1,65m).
Sois belle mais pas trop !
Pour les femmes, l’apparence physique est toujours à double tranchant. On leur demande tout et son contraire. Ainsi, celles faisant attention à leur apparence et qui viennent maquillées au travail peuvent gagner jusqu’à 20% de plus, selon une étude américaine publiée en 2016. Mais une femme trop maquillée apparaît dépourvue de leadership, selon une autre étude britannique.
Certains discours continuent de véhiculer ces clichés : trop belles pour être compétentes, les femmes ne devraient leur carrière qu’à leur seul physique.
Modifier son apparence physique pour gagner plus
En 2016, une étude sur l’obésité en France montrait que 23% des personnes obèses gagnent entre 900 et 1200 euros par mois. Elles ne sont que 9% à toucher un salaire compris entre 3800 et 5300 euros. Autre chiffre d’un rapport du CESE : 30% des femmes dont le revenu est inférieur à 450 euros mensuels sont en situation d’obésité, contre seulement 7% des femmes dont le revenu est supérieur à 4200 euros par mois.
A l’inverse, une perte de 30kg peut se traduire par une augmentation salariale de 9%, selon Jean-François Amadieu.
Le business de la beauté : “Bistouri et botox pour garder son boulot”titrait en 2018 L’Express (article réservé aux abonnés). Même si ce phénomène est réservé à certains salariés, il traduit le poids des apparences et l’obligation de paraître toujours beau et jeune. C’est vrai sur le marché du travail comme en dehors.
L’« effet de halo », ou pourquoi les gens beaux réussissent mieux que les autres
La prime à la beauté n’est pas le fait des beaux mais de ceux qui les trouvent beaux. Selon les auteurs d’une étude de la London School of Economics, les individus qui trouvent les personnes belles les perçoivent aussi plus intelligentes que les autres.
C’est ce qu’on appelle l’effet de halo, à savoir un “biais cognitif du jugement conduisant à la contamination d’un première évaluation portant sur une caractéristique d’autrui vers les autres caractéristiques que l’on va évaluer ultérieurement sur cette même personne », peut-on lire sur Wikipédia.
Comment l’IA réduit les biais cognitifs dans le processus de recrutement
Et s’il existait une prime à la laideur ?
“La compétence cachée des laids, des laids se voit sans délai, délai”, aurait pu chanter Gainsbourg. Selon une étude américaine, les 3% des personnes au physique le plus ingrat – et pas tous les laids… – gagnent plus que les 50 % à l’apparence jugée moyenne.
C’est en tout cas ce qu’ont affirmé deux chercheurs dans une étude publiée dans le Journal of Business and Psychology en 2018. Satoshi Kanazawa et Mary Stillont suivi une cohorte de 20 000 personnes de leur adolescence à la trentaine pour arriver à cette conclusion. Pour l’heure, ils sont les seuls à avoir découvert une telle corrélation.
Recrutement au physique ce que dit la loi
Le législateur a défini 26 critères de discrimination au travail, parmi lesquels la discrimination physique. Ce comportement est passible d’une peine de trois ans de prison et d’une amende de 45 000 euros.